LE
RENOUVEAU
N°
355 du Jeudi 13 Avril 2000
POLITIQUE
LE PRESIDENT DINI AU NORD DU PAYS
Le président
du FRUD, Ahmed Dini Ahmed, s'est rendu au nord du pays la semaine dernière
à la tête d'une forte délégation de son mouvement.
Parti de la capitale mercredi 5 avril 2000, par voie maritime, il a d'abord
gagné Obock, chef-lieu de son district natal , dévasté
par la guerre et vidé de sa population qui revient progressivement.
Là, l'accueil a été franc, massif et chaleureux. Les
Obockois, n'en déplaise aux sbires du régime, se sont massés,
y compris les chefs coutumiers, au port de la ville pour accueillir le fils
du pays. Une vingtaine d'embarcations de pêche, soit l'ensemble de
la flottille de pêche locale, sont même venues à sa rencontre
en pleine mer. C'était la liesse populaire.
S'adressant aux Obockois,
le président Dini les a remerciés de l'accueil et salué
leur courage dans la résistance pour la liberté et la dignité.
Il leur a rappelé que son retour au pays s'inscrivait dans le cadre
et pour l'application de l'accord de paix signé le 7 février
2000 à Paris entre le FRUD et le gouvernement.
D'Obock, il a pu
s'enfoncer à l'intérieur des terres, se rendre compte de l'atmosphère
y régnant et de l'état de la circulation des biens et des
personnes. Il a revu, à cette occasion, ses combattants du maquis
qui l'ont accueilli par une grandiose prise d'armes. Il a ainsi pu passer
en revue la troupe et discuté avec le commandement militaire. C'était
un moment fort.
C'est samedi 8 avril
2000 que le président Dini et sa délégation se sont
transportés à Tadjourah. Où, là aussi, l'accueil
a été populaire, massif et chaleureux. De quoi faire bleuir
de jalousie les dignitaires grassouillets du régime qui peinent à
rassembler quelques dizaines de personnes lors de leurs déplacements.
Remerciant la population comme les chefs coutumiers, vêtus de leur
tenue d'apparat, il a exprimé sa joie de retrouver Tadjourah la Blanche,
où l'attendait pour l'occasion son vice-président Chehem Daoud
Chehem. Comme à Obock, il a rappelé les objectifs de son retour
et la teneur de l'accord du 7 février 2000 à Paris. Objectifs
qui ont pour noms : paix, reconstruction-réparation, concorde nationale,
démocratie, décentralisation et développement. Comme
à Obock, il aura pris un grand bain de foule et partagé avec
les Tadjourains la joie des retrouvailles.
Notons également
que l'assemblée générale des khourouj (religieux en
sortie de sensibilisation) l'aura à son tour accueilli, trouvant
en lui un homme averti de la chose spirituelle.
Retour à Djibouti
ville lundi matin.
JUSTICE
ABDOULFATAH MOUSSA AHMED LIBERE
Le fils du président Moussa Ahmed Idriss de l'Opposition Djiboutienne
Unifiée (ODU), qui croupissait à la sinistre prison de Gabode
depuis le 21 juin 1999 sous le chef d'accusation fallacieux de détournements
de fonds, a été libéré hier mercredi 12 avril
2000 par la Cour d'appel du Tribunal de Djibouti.
Initialement condamné
à trois ans d'emprisonnement ferme et au paiement d'une somme de
vingt trois millions de nos francs, Abdoulfath Moussa a interjeté
appel auprès de la cour d'appel du jugement de première instance.
Appel auquel il a été finalement fait droit, puisque de trois
ans fermes, la peine privative de liberté est passée à
deux ans avec sursis. Ce qui lui a permis de recouvrer la liberté.
Cette décision
confirme, si besoin est, que le chef d'accusation retenu contre Abdoulfath,
n'en était pas un , comme le démontrait d'ailleurs clairement
le dossier (lire le Renouveau n°351), et que sa détention obéissait
à d'autres considérations, politicardes celles-là,
visant à faire pression sur le père du haut fonctionnaire.
Ce verdict, c'est
clair, se veut apaisant, en rapport avec le récent accord de paix
de Paris qui doit ouvrir la voie à la concorde nationale et au renouveau
démocratique.
Bon retour à
la liberté à Abdoulfath
Rappelons qu'il reste
encore quelques prisonniers de type politique à Gabode comme l'écrit
le communiqué de la LDDH (rendu public avant la libération
de Abdoulfatah Moussa) que nous publions en fin de journal.
LES DIX PRISONNIERS
DU FRUD DU SUD LIBERES
Les dix prisonniers
du FRUD Commandement Sud, arrêtés en 1998 à une cinquantaine
de kilométrés de Djibouti, au sud du pays, ont été
relâchés samedi 8 avril 2000 dans la matinée. Il leur
était reproché les mêmes faits de résistance
que leurs camarades du nord, libérés peu après l'accord
de paix signé à Paris le 7 février entre le Front pour
la Restauration de l'Unité et de la Démocratie (FRUD) et le
gouvernement, et salué comme une initiative heureuse par l'Opposition
Djiboutienne Unifiée (ODU).
Cette libération
s'inscrit donc dans le cadre de cet accord et intervient en son application.
Que le régime ait tergiversé, avant de se résoudre
à cette relaxe, ne change rien à la réalité
têtue et à l'ordre des choses.
L'Opposition Djiboutienne
se réjouit donc de ce geste qui va dans le bon sens et souhaite aux
camarades combattants libérés, hier (29) au titre du FRUD
Commandement Nord et aujourd'hui (10) au titre du FRUD Commandement Sud,
bon retour à la liberté.
Administration
Une mise à
la retraite sélective
Par décision
n° 2000-0250/MESN du 17 mars, le Gouvernement a mis à la retraite
une cinquantaine de fonctionnaires de toutes catégories.
" Les fonctionnaires
dont les noms suivent, écrit le premier article de la décision
, ayant remplis les conditions pour limite d'âge ou atteint les maximums
d'annuités de service, sont admis à faire valoir ses droits
à une pension de retraite selon les dates et les modalités
ci-après indiquées. "
Quant au second et
dernier article, il dispose que " la présente décision,
sera enregistrée, communiquée et exécutée partout
où besoin sera ".
Cette décision
appelle observation de notre part . A la fois sur la forme et sur le fond.
Il faut d'abord dire
que cette décision ne brille pas par la qualité de sa rédaction
qui laisse à désirer. Le premier article que nous venons de
reproduire tel quel est truffé de fautes si grossières que
nous ne pouvons résister à l'envie de conseiller à
son rédacteur de revoir ses règles de base de cette langue
de travail et de culture qu'est pour nous le français.
Mais plus grave est
le fond. En effet, les critères qui ont présidé à
la sélection de ces cinquante personnes admises à la retraite
ne sont pas si objectifs qu'ils en ont l'air. Ils nous semblent même
à cent lieues d'une décision administrative de type républicain.
Ce qui nous paraît
avoir présidé à la confection de la liste des retraitables,
ce ne sont point les textes républicains en matière de retraite
des fonctionnaires. Lesquels sont généraux et impersonnels
et s'imposent à tous. Au nom du principe de l'égalité
devant la loi.
Il nous semble au
contraire que, au-delà des textes, ce sont des considérations
d'ordre politicard qui ont joué, admettant certains à la retraite
et non d'autres. En d'autres termes, à situation professionnelle
similaire (nombre d'annuités maximum réuni, limite d'âge
atteinte), le sort réservé paraît bien différent.
Certains, bien jugés parce que proches du régime ou soutenus
où il faut, sont maintenus en activité, quand d'autres sont
définitivement désignés pour le départ en retraite.
D'où le bruit
que soulève cette décision un peu partout. Sévèrement
jugée par l'opinion publique qui la considère sélective
et s'indigne à l'idée que beaucoup aient pu, encore une fois,
passer à travers les mailles de la loi, cette décision n'honore
pas le régime. Partielle et partiale eu égard à la
réalité, elle présente les carences habituelles des
mauvaises décisions du pouvoir. Qui instrumentalise la loi pour s'en
servir lorsqu'elle l'arrange et la fouler au pied dans le cas inverse. "
La loi, ce n'est pas le Coran " a-t-on coutume de répéter
à l'envi dans les venelles vénales du pouvoir où la
culture républicaine fait cruellement défaut. Le parallèle
a d'ailleurs de quoi faire sourire. D'abord parce que ceux et celles qui
l'avancent ne sont pas les plus respectueux du Saint Coran, loin s'en faut.
Ensuite parce qu'il est stupide en ce qu'il tente de justifier une violation
de la loi et des principes républicains.
" Et ces nombreux
autres rétraitables ? ", s'insurge un futur retraité
figurant sur la liste, pointant du doigt nombre de courtisans et autres
petits dignitaires du régime toujours accrochés, telles des
sangsues, à des situations prises pour définitivement acquises.
Sa question reflète le sentiment général au sujet de
cette décision.
Loin donc d'appliquer
objectivement et sereinement la loi, le régime n'a fait, à
travers cette décision de mise à la retraite ( qui, semble-t-il,
sera suivie d'autres, notamment pour les militaires et policiers), que remuer
encore une fois le coutelas dans la grande plaie béante de l'injustice
sociale...
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